Culture Week – Semaine du 30 mai 2016
RACISME – Retour sur la pub chinoise qui a créé une polémique mondiale
Tout a commencé le 26 mai : les médias occidentaux découvrent une pub chinoise pourtant postée quelques semaines auparavant. Une pub aux relents racistes hallucinants : un homme noir passe à la machine à laver pour en ressortir « propre », c’est-à-dire de type asiatique, grâce à la lessive Qiaobi.
Dans les 24 heures qui suivent, c’est un déferlement médiatique. Plus d’une centaine d’articles du monde entier critiquent le spot, certains le qualifiant même de « publicité la plus raciste de tous les temps ».
L’annonceur chinois leur a d’abord renvoyé la balle, déclarant que : « Les médias étrangers sont peut-être trop susceptibles. » Puis, devant l’ampleur du tollé, a fini par s’excuser : « Pour le tort causé aux Africains en raison de la propagation de cette publicité et de l’écho qu’elle a trouvé dans les médias, nous présentons nos excuses. Nous regrettons que ce spot ait causé une telle polémique et nous assumons nos responsabilités pour son contenu. » On notera au passage que les Noirs sont forcément des « Africains » et que le principal regret concerne la polémique et non le contenu du spot.
Au-delà de la controverse, ce film en dit long sur l’Empire du Milieu (et accessoirement sur nous-mêmes).
Premier constat : ce spot n’a pas choqué en Chine, pays où la population noire est pratiquement inexistante (malgré une immigration récente du fait de l’essor des échanges commerciaux avec l’Afrique). Et on se moque plus facilement de ce que l’on ne connaît pas, comme le confirme un directeur artistique chinois interrogé par le magazine AdAge : « Quand nous sommes petits, on nous raconte toujours des blagues sur des Noirs qui deviennent Blancs après s’être lavés. Alors quand nous voyons ce genre de pub, ça nous paraît normal. »
Deuxième constat : les canons esthétiques ne sont pas les mêmes en Occident et en Chine. Dans beaucoup de pays asiatiques, comme la Thaïlande ou l’Inde, un teint clair est un critère de beauté traditionnel lié au statut social. Une peau bronzée est en effet associée au travail de plein air, dans les champs, et donc aux classes laborieuses. Un mépris de classe qui s’est transformé en racisme structurel.
Troisième constat : la Chine est le pays de la contrefaçon créative. Cette pub est en effet la copie conforme d’un spot italien datant de 2006. Un spot tout aussi raciste, sauf que le propos était inversé : un blanc devenait noir grâce à une teinture pour vêtement. Le plagiat a été poussé jusqu’à utiliser la même musique.
Enfin, ce qui a le plus choqué, c’est le racisme naïf, grotesque et frontal de cette pub chinoise. Occasion rêvée pour les médias occidentaux d’asséner ses leçons de bonne conduite à l’Empire du Milieu, sur le mode « voici la pub la plus raciste de l’histoire ». En oubliant un peu vite que les pubs Banania, c’était il n’y a pas si longtemps et qu’aujourd’hui, le racisme publicitaire n’a pas disparu chez nous, il est juste plus insidieux : peu de diversité, rôles stéréotypés… sans compter les vagues de protestations racistes aux États-Unis dès qu’un spot met en scène un couple mixte.
FOOT – Zlatan se (la) raconte en Volvo
Zlatan quitte le PSG mais reste chez Volvo. Après le fameux spot de 2014 où il slammait l’hymne national suédois en chassant le cerf, Ibrahimovic revient torse nu sur son canap’ pour raconter sa life en se regardant à la télé. Normal. Ensuite il monte dans une Volvo (c’est quand même une pub pour bagnole) et se dirige vers ce qui ressemble au Parc des Princes, histoire de jouer un match de l’Euro. Sauf que, quoiqu’il arrive, la Suède ne disputera aucune rencontre là-bas.
Cette incohérence mise à part, il s’agit presque plus d’une pub pour Ibra que pour Volvo. Le constructeur suédois a littéralement troqué l’hymne national pour un hymne à Zlatan. Il en a même modifié sa signature qui, dans un subtil effet subliminal, passe de « Made by Sweden » à « Made by Zlatan ».
Et comme cette vidéo est intitulée « Prologue », l’ego-road-trip de Zlatan en Volvo devrait continuer tout l’Euro.
SPECTACULAIRE – Elle escalade un immeuble grâce à deux aspirateurs
C’est ce qu’on appelle une démo-produit de haut vol ! Afin de démontrer la puissance de ses aspirateurs, la marque LG a demandé à la grimpeuse américaine professionnelle Sierra Blair-Coyle d’escalader un immeuble à l’aide de deux LG CordZero (aspirateurs sans fil) munis de ventouses.
Ça s’est passé à Songdo, en Corée du Sud, et il n’a fallu qu’une demi-heure à la jeune femme pour gravir les 140 mètres de façade, avec quand même un arrêt pour changer les aspis.
Instant « culture pub » : cette opération spectaculaire nous a rappelé un spot chinois assez drôle qui avait gagné un Lion de Bronze à Cannes en 2006 :
PRINT & OUTDOOR – Les meilleures campagnes du mois de mai
Et enfin, voici notre sélection des campagnes print & outdoor les plus créatives repérées ces 30 derniers jours.
BMW : un billboard qui pleure quand il pleut
Voici le panneau d’affichage idéal pour un mois de mai à la météo pourrie. Afin de promouvoir les décapotables de BMW, l’agence berlinoise Jung von Matt/Spree a conçu un billboard qui récolte et pleure de l’eau de pluie. Car c’est bien connu, un cabriolet sous la flotte, c’est pas le top.
Sécurité routière et humour noir
L’agence montréalaise John St. et Cieslok Media, une société spécialisée dans la publicité extérieure, ont imaginé une annonce pour une fausse entreprise de pompes funèbres… qui est une vraie pub pour la sécurité routière. Un panneau d’affichage à Toronto exhortait ainsi les conducteurs à « Envoyer des SMS en conduisant » pour le compte de la Wathan Funeral Home. Service funéraire bidon dont le site Internet révélait la supercherie.
A noter qu’une entreprise de pompes funèbres allemande a déjà vraiment eu recours à ce genre d’humour noir dans sa com. En 2005, Bergemann & Sohn affichait dans le métro berlinois des billboards face aux quais, mais de l’autre côté des voies, où l’on pouvait lire : « Kommen Sie doch näher » (Approchez-vous encore un peu). Vous en déduirez ce que vous voulez sur l’humour allemand.
Disney : un billboard interactif avec Johnny Depp en live
Aujourd’hui sort en France Alice de l’autre côté du miroir, la suite du Alice au pays des merveilles de Tim Burton (2010), avec toujours Johnny Depp dans le rôle du Chapelier Fou. Pour la promo américaine du film, l’acteur s’est prêté au jeu d’une opération originale : un billboard digital installé à Disneyland en Californie, grâce auquel il pouvait interagir en direct avec les visiteurs.
Airbnb : des prints avec des animaux trop cute
Des annonces dont la mignonnerie se passe de commentaires…
(Pays : USA – Agence : TBWA\Worldwide)
Getty Images : des portraits recomposés
La meilleure campagne print de ce mois de mai est certainement celle de Getty Images, avec ses portraits de personnalités recomposés à partir de photos piochées dans les archives de la banque d’images. Mais nous vous en avions déjà parlé dans un précédent article.