À Paris, Anne Hidalgo et Jalil Lespert vivent leur amour au grand jour…
Pas de panique, ceci n’est pas un scoop d’un quelconque magazine pie poule.
C’est plutôt une déclaration faite à Paris, au travers d’un spot sorti vendredi et destiné à redresser l’industrie du tourisme dans une capitale touchée en plein coeur.
La ville la plus visitée au monde est toujours debout (c’est le message officiel voulu) et surtout a encore de l’amour à revendre.
Des touristes et des autochtones s’aiment, s’embrassent, s’émerveillent, s’amusent, et s’expriment au travers des regards, des gestes, et des pas de danse. Classique sur le fond et la forme.
Au secours, j’ai besoin d’amour !
Ils sont venus ils sont tous sont là, de la Tour Eiffel à Montmartre, et de l’Opéra à David Guetta.
La mode (mécénat LVMH oblige) et Karl, la haute gastronomie et les falafels, les homos et les bobos, le tout au son d’un autre hymne à l’amour : « Just Need Your Love » des Hyphen Hyphen, judicieusement choisi pour éviter l’accordéon remixé par Béret & the Baguettes.
Du Louvre aux Champs et du marais au canal, les images pas d’Epinal mais postales de la capitale se succèdent jusqu’au traditionnel bouquet final.
Ouais, bof, rien de neuf, me direz-vous ?
Non, justement.
Face aux images anxiogènes véhiculées par les chaînes d’info parfois incontinentes, il fallait du solide pour ramener au sein des vieilles pierres de Lutèce, des étrangers devenus aussi frileux que des bâtons de surimi.
The Power of Love
On lit déjà, de ci de là, les premières voix discordantes s’élever pour dire des trucs du genre : Ringard ! C’est cliché sur cliché, il fallait pas filmer ceci, y avait qu’à filmer cela, gna gna gni, gna gna gna.
Quels qu’en soient les motifs (politiques ou autres), ces polémiques de concierges sont à mon avis dérisoires et même un peu malvenues, par rapport aux réels enjeux, aux emplois menacés, et plus généralement au bien-être de millions de gens.
Parce qu’encore une fois, le film n’est pas destiné aux gens qui y vivent, mais à ceux qui n’y viennent plus (le spot sera notamment diffusé sur les vols Air France et dans les hôtels Accord).
La cible n’est pas le parisien qui connaît les recoins pour éviter les touristes, mais le touriste qui croit encore que Paris est la capitale… de l’Italie.
Mais qui connaît David Guetta.
J’ai deux amours, mon pays et Paris…
Fallait-il filmer Paname de manière un peu plus « roots », avec le métro, les puces de Clignancourt, les bars un peu pourraves, le Palais de Tokyo, et un titi qui fait découvrir sa ville à un amour de vacances ?
Sauf que ça a déjà été fait par Yvan Attal en 2009.
Et ce ne sont pas les djeuns globaux et trotteurs qui ont déserté les pavés.
Fallait-il la jouer vidéo gag avec les meilleurs tirages de sacs par des pickpockets aux tenues United Colors Of Bigarrées ?
And I just need… your money !
Oui, il y aura toujours des gens allergiques aux bons sentiments, mais avec le reste, ça fera une moyenne.
Oui, le spot, institutionnel on le rappelle, fait d’avantage penser à une pub pour sodas qu’à une une de Charlie Hebdo.
Mais franchement, on s’en fout un peu, non ?
Les parisiens préfèreront toujours maudire l’affluence de touristes, plutôt que leur exil.
Et l’immobilisme eût été plus que tout condamnable.
Comme en atteste le plan de la place de la République, Paris a changé, soit, mais Paris restera toujours Paris…
Bonus/le détail qui tue : La meuf elle fait du vélib en jupe longue. Don’t try this in Paris.